PIRATERIE / PIRACY
Posted: Wed Mar 17, 2010 9:14 am
Un article interressant dans le Liberation :
L’industrie du X s’attaque au streaming
par Andréa Fradin
tags : sexe , justice
Le streaming grignotte des parts de marché de l’industrie porno - DR
Le X se lance une nouvelle fois à l’assaut des « Tube sites » —en bref, des sites type YouTube, mais avec des réjouissances réservées aux plus de 18 ans. Cette fois-ci, c’est un gros bonnet de l’industrie porno qui s’y colle, Ventura Contents, qui possède notamment l’américain Pink Visual. Le 11 février dernier, la boîte a déposé plainte auprès d’un tribunal new-yorkais contre deux sociétés, Mansef Inc. et 6721851 Canada, qui exploitent quatre sites « tube like » : cccc.com, wwww.com, xxxx.com et ffff.com. Motif : la diffusion illégale de quarante-cinq œuvres tirées du catalogue Ventura, dont les sympathiques Gang Bang Squad, Boob Exam Scam, ou Wild Fuck Toys vol.2 . En guise de réparation, la firme réclame donc 6,75 millions de dollars, soit 150 000 par films. Selon elle, ces plate-formes auraient diffusé « plusieurs dizaines de millions de fois » chaque titre, « incitant ainsi la violation des œuvres ».
Ecrans.fr s’est procuré une copie de la plainte, sur laquelle on peut lire en guise d’introduction : « les progrès de la technologie digitale ont révolutionné la façon dont les consommateurs s’informent et se divertissent [...]. De nombreux sites ont profité de cette vague technologique en proposant des réseaux, des plate-formes de distribution et des outils qui donnent accès à des formes de divertissement en ligne. Certains l’ont fait dans le respect de la propriété intellectuelle. D’autres, comme les accusés, ont cherché à tirer profit du potentiel de ces technologies en offrant des services délibérément fondés sur l’exploitation de travaux sous copyright ». Le ton est donné : OK, Internet c’est cool, mais dans une certaine limite. En l’occurrence, sauf quand les plate-formes streaming viennent brouter dans le pré carré du X. Et la plainte de poursuivre : « l’émergence de ces “Tubes sites”, gérés par les accusés comme par d’autres, menace non seulement Ventura, mais aussi l’intégralité de l’industrie de divertissement pour adultes ».
Plainte de Ventura Contents
Cela fait un sacré bout de temps que l’industrie du X se débat avec Internet. En 2004, elle avait déjà pris à bras le corps le problème du téléchargement illégal : Titan Media, spécialisée dans le porno gay, avait ainsi lancé une offensive contre les sites de peer-to-peer Kazaa, Grokster et eDonkey. Trois ans plus tard, 65 producteurs et industriels du milieu s’étaient réunis pour tenter de trouver un échappatoire au problème du piratage. Plusieurs solutions avaient alors été proposées, dont celle de joindre aux DVD des produits dérivés afin de démarquer le produit d’une copie téléchargeable sur le net. Aujourd’hui, fini le P2P, il faut jongler avec le streaming.
Donc rebelote : décembre 2007, la compagnie Vivid, encore un gros bonnet du X, prenait pour cible PornoTube. Le co-président de la société, Steven Hirsch, expliquait alors au LA Times qu’il était extrêmement irritant « d’être concurrencé par une version gratuite de ses propres œuvres ». « Nous avons décidé de prendre position et de dire “c’est fini”. Nous allons poursuivre tous ces sites gratuits », commentait-il à l’époque. La même année, un autre Tube site, Whatstea.com, fermait suite à une décision de la justice américaine en faveur de la boîte Pitbull Productions. Mais malgré ces multiples rebondissements, du pain reste manifestement sur la planche, puisque ces « tube like » fleurissent encore sur la toile.
Dans l’affaire qui nous intéresse, les plateformes concernées occupent des places plus qu’honorables dans les classements des sites les plus visités. Pour ne citer que cet exemple, pornhub.com se classe 55e mondial et 36e aux États-Unis, loin devant le New-York Times, DailyMotion ou Piratebay. S’il est difficilement mesurable, on peut donc parier que le manque à gagner pour l’industrie pornographique est conséquent. Selon C. Brian Smith, auteur de Porn Panic ! — et carrément cité dans la plainte de Ventura, les ventes de DVD auraient chuté entre 25 et 45% selon les sources ; les salaires, eux, auraient essuyé une baisse de 20%. Il résume d’ailleurs assez bien les difficultés rencontrées par l’industrie des films pour adultes face à ces « attrape-mouches » de Tube sites : la majorité de ces sites sont situés hors du territoire américain et, quand il est possible de les atteindre, les boîtes de production sont bien trop modestes pour se lancer dans une bataille judiciaire.
En somme, les petits désagréments du X ressemblent peu ou prou à ceux rencontrés par l’industrie culturelle dans son ensemble ; seuls les noms des œuvres pimentent ici un peu la chose. Les acteurs du porno en sont d’ailleurs bien conscients et suivent avec attention l’avancée du bras de fer musique/cinéma versus le grand Internet. Le prochain rendez-vous est d’ailleurs imminent, puisqu’on devrait (enfin) savoir quelles suites seront données à l’affaire Viacom contre YouTube —et accessoirement Google— qui erre depuis trois ans maintenant dans les limbes de la justice US.
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L’industrie du X s’attaque au streaming
par Andréa Fradin
tags : sexe , justice
Le streaming grignotte des parts de marché de l’industrie porno - DR
Le X se lance une nouvelle fois à l’assaut des « Tube sites » —en bref, des sites type YouTube, mais avec des réjouissances réservées aux plus de 18 ans. Cette fois-ci, c’est un gros bonnet de l’industrie porno qui s’y colle, Ventura Contents, qui possède notamment l’américain Pink Visual. Le 11 février dernier, la boîte a déposé plainte auprès d’un tribunal new-yorkais contre deux sociétés, Mansef Inc. et 6721851 Canada, qui exploitent quatre sites « tube like » : cccc.com, wwww.com, xxxx.com et ffff.com. Motif : la diffusion illégale de quarante-cinq œuvres tirées du catalogue Ventura, dont les sympathiques Gang Bang Squad, Boob Exam Scam, ou Wild Fuck Toys vol.2 . En guise de réparation, la firme réclame donc 6,75 millions de dollars, soit 150 000 par films. Selon elle, ces plate-formes auraient diffusé « plusieurs dizaines de millions de fois » chaque titre, « incitant ainsi la violation des œuvres ».
Ecrans.fr s’est procuré une copie de la plainte, sur laquelle on peut lire en guise d’introduction : « les progrès de la technologie digitale ont révolutionné la façon dont les consommateurs s’informent et se divertissent [...]. De nombreux sites ont profité de cette vague technologique en proposant des réseaux, des plate-formes de distribution et des outils qui donnent accès à des formes de divertissement en ligne. Certains l’ont fait dans le respect de la propriété intellectuelle. D’autres, comme les accusés, ont cherché à tirer profit du potentiel de ces technologies en offrant des services délibérément fondés sur l’exploitation de travaux sous copyright ». Le ton est donné : OK, Internet c’est cool, mais dans une certaine limite. En l’occurrence, sauf quand les plate-formes streaming viennent brouter dans le pré carré du X. Et la plainte de poursuivre : « l’émergence de ces “Tubes sites”, gérés par les accusés comme par d’autres, menace non seulement Ventura, mais aussi l’intégralité de l’industrie de divertissement pour adultes ».
Plainte de Ventura Contents
Cela fait un sacré bout de temps que l’industrie du X se débat avec Internet. En 2004, elle avait déjà pris à bras le corps le problème du téléchargement illégal : Titan Media, spécialisée dans le porno gay, avait ainsi lancé une offensive contre les sites de peer-to-peer Kazaa, Grokster et eDonkey. Trois ans plus tard, 65 producteurs et industriels du milieu s’étaient réunis pour tenter de trouver un échappatoire au problème du piratage. Plusieurs solutions avaient alors été proposées, dont celle de joindre aux DVD des produits dérivés afin de démarquer le produit d’une copie téléchargeable sur le net. Aujourd’hui, fini le P2P, il faut jongler avec le streaming.
Donc rebelote : décembre 2007, la compagnie Vivid, encore un gros bonnet du X, prenait pour cible PornoTube. Le co-président de la société, Steven Hirsch, expliquait alors au LA Times qu’il était extrêmement irritant « d’être concurrencé par une version gratuite de ses propres œuvres ». « Nous avons décidé de prendre position et de dire “c’est fini”. Nous allons poursuivre tous ces sites gratuits », commentait-il à l’époque. La même année, un autre Tube site, Whatstea.com, fermait suite à une décision de la justice américaine en faveur de la boîte Pitbull Productions. Mais malgré ces multiples rebondissements, du pain reste manifestement sur la planche, puisque ces « tube like » fleurissent encore sur la toile.
Dans l’affaire qui nous intéresse, les plateformes concernées occupent des places plus qu’honorables dans les classements des sites les plus visités. Pour ne citer que cet exemple, pornhub.com se classe 55e mondial et 36e aux États-Unis, loin devant le New-York Times, DailyMotion ou Piratebay. S’il est difficilement mesurable, on peut donc parier que le manque à gagner pour l’industrie pornographique est conséquent. Selon C. Brian Smith, auteur de Porn Panic ! — et carrément cité dans la plainte de Ventura, les ventes de DVD auraient chuté entre 25 et 45% selon les sources ; les salaires, eux, auraient essuyé une baisse de 20%. Il résume d’ailleurs assez bien les difficultés rencontrées par l’industrie des films pour adultes face à ces « attrape-mouches » de Tube sites : la majorité de ces sites sont situés hors du territoire américain et, quand il est possible de les atteindre, les boîtes de production sont bien trop modestes pour se lancer dans une bataille judiciaire.
En somme, les petits désagréments du X ressemblent peu ou prou à ceux rencontrés par l’industrie culturelle dans son ensemble ; seuls les noms des œuvres pimentent ici un peu la chose. Les acteurs du porno en sont d’ailleurs bien conscients et suivent avec attention l’avancée du bras de fer musique/cinéma versus le grand Internet. Le prochain rendez-vous est d’ailleurs imminent, puisqu’on devrait (enfin) savoir quelles suites seront données à l’affaire Viacom contre YouTube —et accessoirement Google— qui erre depuis trois ans maintenant dans les limbes de la justice US.
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